Au détour d'un couloir

Une petite salle étrange et biscornue où s'alignent des étagères disparates. Tout laisse à penser que cette salle n'existe que par l'étude minutieuse du plan des fondations du palais et sa lourde porte pierre a tendance à faire du mimétisme avec le mur... de pierres.
Sur un vaste bureau, que l'on imagine même pas pouvoir déplacer s'étale une carte d'Esmalte et tout un tas de fatras indescriptible. Le peu d'espace restant cède encore la place à deux sièges imposants.

Perdu dans ses pensées tarabiscotées, le roi des Olians déplaçait mentalement toutes les pièces de l'échiquier d'Esmalte, comme s'il cherchait le coup qui le mènerait à la victoire...

Il lança un regard à ce que l'on apercevait de la carte, et s'effondra dans un fauteuil, satisfait.

°Dommage, que cet océan soit si vaste sinon tout serait parfait...°

Léseldur frappa doucement à la porte avant d'entrer dans la pièce.
En vingt ans, il avait appris à maitriser son impatience mais aussi les bonnes manières.
Il s'inclina devant son maître et tout comme avant, ses cheveux touchèrent le sol lorsqu'il fit ce mouvement.
Mon seigneur, il me semble que votre épouse est de retour parmi nous. Je l'ai vu en passant devant la salle du trône. Je pense qu'il serait de bon ton d'aller la rejoindre au plus vite.
°C'est la meilleure chose à faire surtout lorsque l'on sait qu'elle a disparu un assez long moment.°
Le regard de Léseldur passa sur les papiers et la carte, il savait ce qu'Affensylz avait en tête et ça le fit sourire.

Affensylz leva les yeux vers Léseldur et l'observa un instant stupéfait.

Suis-je vraiment du genre à me précipité aux pieds de ma chère et tendre? Je n'ai pas souvenir qu'elle m'ait demandé mon avis avant de disparaître sans crier gare, marmonna-t-il.

Enfin peut-être n'as-tu pas complètement tord...

L'absence d'Osëlsis le préoccupait plus qu'il ne désirait l'admettre. Aussi restat-il un instant songeur avant de se lever de son siège.

Bien sûr que non! Mon seigneur, je commence à vous connaître, cela fait déjà vingt ans que je suis à votre service.
°Elle était peut-être partis pour de bonnes raisons° Léseldur garda ceci pour lui.
Elle est accompagnée d'une étrange servante. Je préférerais vous accompagnez si vous ne voyez pas d'inconvénients à cela.
Léseldur craignait pour la vie de son maître, il était clair que cette soudaine réapparition était plus qu'étrange.

Une servante? Tout ça? En effet accompagnez-moi je suis terrifié, déclara-t-il sur un ton désabusé.

Il sortit de la pièce et referma la porte une fois que Léseldur en eut fait autant. Et il avança d'un pas rapide en direction de la salle du trône sans s'inquiéter de savoir si Léseldur le suivait ou non. Bien que loin du lac désormais aussi sec et chaud que le reste du désert il avait retrouvé son éternelle assurance de monarque incontesté.

°Il ne changera jamais° Léseldur sourit si largement que l'on pouvait se demander comment le haut de sa tête faisait pour ne pas tomber.
Léseldur, qui avait pris tout de même quelques centimètres de jambes en vingt ans, n'avait aucun mal à suivre son maître. Il fallait également remarquer que le roi avait tellement envoyé le courtisan en missions inutiles et lointaines qu'il avait maintenant de bons mollets bien musclés.