La salle du trône

Léseldur qui se prit presque la porte de la salle du trône dans le nez (que s'il avait été moins long, il aurait changé la face du monde) arriva à son tour.
Il lança de nouveau un regard ahuri sur la servante avant de hausser les épaule et rougissant.
°Je ne suis pas responsable de l'impolitesse de cette fille mais je sens que ça va me retomber dessus.°
Aucune fenêtre n'était ouverte, heureusement pour lui sinon il se serait jeté dans le vide.

Affensylz regardait la servante d'un oeil amusé, hésitant à lui demander de récurer les sols du palais.

Si je ne vous avais pas fait demander je prendrais un malin plaisir à vous envoyez porter mes salutations à Dzoem... rétorqua-t-il avec un sourire narquois.

Puis-je savoir d'où vous sortez et ce qui est arrivé à Osëlsis?

Après cela il lança un regard consterné à Léseldur, mais ne dit rien, il n'y avait pas besoin d'être spécialement lucide pour comprendre le fond de sa pensée à ce sujet.

Affensylz se surprit à penser que si Hendiya avait encore été de ce monde, il aurait eu quelqu'un pour lui envoyer ses voeux.

En ce qui concerne la décoration désastreuse de ce palais, je pense que la responsable n'est pas en état d'y remédier.

Il lança un regard à Osëlsis, mais son état semblait ne pas évoluer, dans un sens ou dans l'autre.

Et bien je vous remercie pour votre aide et j'espère ne pas avoir à vous revoir.

Léseldur, veuillez veiller à ce que cette femme charmante retrouve sans plus tarder le pré de son grand-père et déguerpisse de ma cité? Vous seriez bien aimable, merci.

Je ferai selon votre bon vouloir mon seigneur. répondit docilement le courtisan.
°Et je le ferai avec le plus grand des plaisir, mais quelle peste cette fille-là!°
Léseldur s'inclina devant son roi et sa reine avant d'ouvrir la porte.
Si tu veux bien me suivre! dit-il à la servante en lui désignant la porte.

Tori poussa un grognement énergique en rétorquant à Affensylz :

"Je ne serais jamais bien loin pour vous, monseigneur..."

La servante se leva alors et se dirigea vers la porte, en lançant à Léseldur un regard dédaigneux :

"Je ne suis personne ! J'avance de mon propre-gré ! >< "

Après cette parole super philosophique, elle sortit, laissant Osëlsis prise au dépourvue.

Léseldur soupira, et après avoir salué de nouveau ses maîtres, il sortit de la salle du trône.
°Mais oui bien certainement: J'avance de mon propre-gré... Mais pour qui elle se prend celle-là?°
Il fit voler ses cheveux rouges et referma doucement la porte.

Et jamais assez loin, marmonna Affensylz pour lui-même.

Il observait attentivement Osëlsis, réfléchissant à un quelconque moyen de lui venir en aide...

Mais les cas d'amnésie n'étaient pas chose courante...

°Elle a quand même pas tout oublié... Si on lui dit qu'elle est reine elle devrait pouvoir se débrouiller au moins aussi mal qu'avant...°

Affensylz fronça les sourcils. Il n'était pas dans l'usage de frapper avant d'entrer et ce n'était pas vraiment le moment de recevoir des gens.

En éspérant sincèrement que ce ne soit qu'une histoire de troubles gastriques de poulets qu'il n'aurait qu'à repousser à un jour où il ne douterait pas de la capacité de la reine à différencier sa main gauche de sa main droite, il répondit, sur un ton morne et froid :

Entrez.

C'est avec la tête haute que le mercenaire entra dans la pièce. Il n'avait pas à avoir honte de ce qu'il s'était passé à Fraternité, tout n'était pas de sa faute.
Alexander s'inclina respectueusement devant Affensylz et Oselsis puis en relevant la tête se mit à observer la reine qui semblait dans un état anormal.
Je vous salue souverains de Draïna.

Affensylz lança également un regard à la reine mais il détourna rapidement les yeux et reporta son attention vers Alexander.

Tiens donc, que me vaut cette plaisante visite?

Je ne pensais pas que vous reviendriez. Car certains de vos actes me déplaisent...

L'Hendy lança un regard froid sur le roi avant d'hausser un sourcil.
Tout le plaisir est pour moi, je vous assure... Le ton de sa voix était incroyablement froid et monocorde. avec Alexander, il était difficile de savoir s'il pensait vraiment cela ou encore si c'était de l'ironie.
L'ancien roi ne s'attendait pas à un accueil chaleureux, Affensylz n'avait pas changé malgré ces vingt années qui s'étaient écoulées.
Oui, je m'y attendais...

Et pourtant vous êtes venus...

Vous n'aviez rien de mieux à faire ou vous avez quelquechose à me demander? rétorqua le roi sur un ton sarcastique.

Affensylz fixait Alexander, nullement incommodé par les yeux indéchiffrables de ce dernier.

Oui... S'il pouvait faire preuve de sarcasmes, Alexander aurait ajouté: je ne peux pas me passer de vous...
Un sourire étrange s'afficha sur le visage d'Alexander.
Je ne vous demande que votre "bienveillante" protection et l'asile dans cette très belle ville qu'est devenue Draïna... Ses yeux verts, froids et vides fixèrent avec plus d'intensité encore ceux du souverain olian.
En effet, la première supposition d'Affensylz n'était pas fausse non plus vu que pour le moment, Alexander était au chomage technique et que tout le travail se trouvait à Draïna.

Soit, je vous accorde l'asile que vous réclamez... répondit-il sur un ton qui laissait entendre qu'il l'accueillait plus parce qu'il n'avait plus Léseldur sous la main pour le jeter dehors que par charité.

Quant à ma protection n'y comptez pas. Je ne pense pas que les services que vous m'ayez rendus me laissent une quelconque dette à votre égard. D'autant plus que pour ce qui est des Olians marins je serais surpris que vous ayez besoin d'une protection face à eux.

°Surtout qu'ils sont aussi dangereux que mon épouse est apte à régner...°

Il ne se prononça pas au sujet de l'accueil que lui réserverait les Olians lacustres et continua de fixer froidement Alexander.

Alexander commença à ricaner avant d'éclater totalement de rire (ce qui était vraiment très très rare chez lui, tellement rare que la dernière fois qu'il l'avait fait, il avait traumatisé son entourage qui n'avait pas l'habitude de le voir agir ainsi)...
Vous n'avez vraiment pas changé... Alexander avait du mal à reprendre son souffle, il en avait mal aux côtes tellement il riait...
Vous êtes ignoble... Je n'avais jamais vu personne comme vous auparavant... C'est admirable... Alexander arrêta de rire mais il en avait les larmes aux yeux.
Alexander retrouva son sérieux au bout de quelques secondes puis se remit à fixer tour à tour Affensylz et Oselsis...

Affensylz resta impassible et répondit simplement avec un rictus :

Vous pensez bien que s'il y en avait deux comme moi, il y en aurait forcément un de trop...

Mais ne vous inquiétez pas je ne compte pas changer...

N'hésitez tout de même pas à demander mon aide si vous avez besoin de faire vous débarrasser de quelqu'un... lui dit-il comme s'il proposait à quelqu'un de refaire le papier-peint des toilettes...
Puis-je vous demander une dernière chose? Ma femme et moi-même avons besoin d'un toit et nous voudrions nous installer dans votre belle ville... Pourrions-nous avoir accès à une maison dans un quartier calme? Une grande maison serait la bienvenue, on ne sait jamais, si notre famille venait à s'agrandir...

Je ne sais pas... Par contre nous aurions besoin de quelqu'un pour changer le papier-peint des toilettes... répondit-il sur le ton de la conversation.

Nul doute que vous trouverez une maison à votre convenance, ne comptez pas sur moi pour aller visiter les lieux pour vous...

Et si la présence d'Alicia à vos côtés est de trop, je vous avais suggéré un jour de vous en débarasser. Chose dont je peux me charger, bien évidemment, ajouta-t-il avec un sourire ambigu.

Alexander lui rendit son sourire... Affensylz pouvait être vraiment agaçant lorsqu'il le voulait... et lorsqu'il ne le voulait pas non plus...
Je ne crois pas que je l'abandonnerai un jour, surtout dans l'état où elle se trouve actuellement... Alexander laissa sa phrase en suspend, il laissait supposer des choses, peu importe si elles étaient vraies ou non...
Je vous remercie "mon seigneur" de votre bienveillance... finit par dire le mercenaire. La tonalité de sa voix ne le laissait pas entendre mais le "mon seigneur" était particulièrement méprisant.
Si vous n'avez plus besoin de moi... Alexander courba l'échine plus par habitude et politesse que par respect.

Non, vous pouvez disposer. Mais signaler tout de même à Alicia que je désirerais lui parler, si un jour elle trouve le chemin de mon palais, au combien discret, je suppose.

D'ailleurs, je suis ravi de mettre fin à notre entretien car il me faut trouver un remède à l'état de mon épouse... ajouta-t-il sur un ton las.

Il s'avança vers la porte à grand pas.

Bien, je lui ferai passer le message... Je vous souhaite bonne chance... lui répondit-il en lançant un regard sur Oselsis.
Alexander arriva à la porte avant Affensylz. Il l'ouvrit (la porte je précise, Alexander ne s'amuse pas à ouvrir les gens) violemment et sortit.

Affensylz haussa les sourcils et franchit la porte sans avoir rien changé à son rythme, après avoir préalablement salué Osëlsis d'un signe de tête.